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Le Blog de Belinda
10 octobre 2008

Chapitre 1 - Partie 3

Après deux heures de route, le chauffeur emprunta une bretelle de sortie qui aboutit à un rond-point. Ensuite, il suivit la direction du parc "les Roches",* indiquée sur des panneaux verts ; ce qui relança  l'intérêt des adolescents qui commencèrent à s'agiter de nouveau.

- On est bientôt arrivé m'dame ? interrogea une voix féminine.

- Dans une quarantaine de minutes… patience… restez calme.

Bien sûr, personne ne prêtait attention à ses recommandations. Le bus suivit une route sinueuse et entreprit son ascension sur quelques kilomètres avant d'atteindre une forêt qu'il traversa pendant une demi-heure. Cynthia observait les arbres immenses qui défilaient sous ses yeux. Enfin, ils débouchèrent sur une plate-forme qui surplombait la vallée et marquait la fin de la route. Le chauffeur débuta une manœuvre délicate dans le but de se garer le long d'un ravin  bordé d'une murette grise. Les élèves applaudirent pour saluer sa dextérité. Pressés de se dégourdir les jambes, ils faisaient déjà la queue dans l'allée. Cynthia fut une des dernières à quitter le bus.

- Bon, votre attention, s'il vous plait, commença à voix haute leur professeur d'histoire. Vous avez quartier libre à l'intérieur du parc "les Roches" (*). Il est très réputé dans cette région, et  bien qu'il n'en porte pas le nom, il est considéré comme une véritable réserve naturelle. Vous trouverez une quantité de variétés d'oiseaux protégés depuis quelques années. Vous avez également des petites grottes nichées dans la forêt  située devant vous. Dans tous les cas, nous nous retrouvons à dix sept heures devant le bus. Pour les moins intrépides, vous avez une aire de pique-nique près de la rivière…Le parc  couvre une superficie de deux kilomètres, il est impossible de vous perdre car il est parfaitement délimité et fléché. Donc, amusez-vous, partez à la découverte de ce superbe endroit, mais n'oubliez pas, dix sept heures ! Dernier délai !

Les élèves se dispersaient déjà comme une nuée de sauterelles. Cynthia, accompagnée du fidèle Benjamin, Romain et Claire – deux élèves de sa classe -, emprunta un petit sentier le long d'une charmante rivière. Les plaisanteries fusaient et des rires résonnaient au loin. Dans un premier temps, ils longèrent le cours d'eau qui sinuait entre une végétation aux couleurs éclatantes. Ils s'amusèrent à grimper sur des rochers de taille moyenne, et s'engagèrent dans une partie de cache-cache qui leur rappela de bons souvenirs de jeunesse. Un petit parcours d'aventure pourvu de lianes et de petits ponts en bois longeait l'orée de  la forêt et tentait déjà les plus intrépides.

Mais ils préférèrent faire une pause pour déjeuner puis décidèrent de partir à la recherche de ces fameuses grottes. La chaleur laissa place à la fraîcheur agréable de la forêt. Ils marchèrent une demi-heure en discutant de choses et d’autres.  Puis, les garçons, toujours prêts à se ridiculiser devant les filles, saisirent des bâtons tordus et improvisèrent une bataille devant ces dernières, secouées de fous rires. Finalement, à leur plus grande stupéfaction, elles se jetèrent dans la mêlée avec une parfaite maîtrise de leurs armes trouvées sur le sol. A la fin, haletante et les joues roses d'excitation, Cynthia s'adossa à un tronc d'arbre, reprenant son souffle progressivement.

- Les filles ont gagné, s'exclama Claire en brandissant son épée difforme.

- Tu rigoles, s'écria Romain, on vous a battues à plate couture. Tu t'es enfuie en hurlant !

- C'était un cri de guerre, protesta-t-elle, et j'ai opéré un repli pour asséner une dernière attaque stratégique.

Cynthia appréciait la jeune fille et ses réparties dynamiques. Romain, les sourcils froncés, secouait vivement la tête alors que  Claire, les yeux étincelants, protestait de plus belle.

Cynthia chercha du regard Benjamin ; debout sur une pierre, il tenait un petit canif et affûtait l'extrémité du bâton qu'il avait utilisé, visiblement peu préoccupé par leur dispute Elle se redressa et fit quelques pas machinalement, en levant les yeux. A travers quelques arbres, elle put distinguer deux nuages de couleur grise, formant deux petites taches, au-dessus de l'endroit où elle se tenait. A cet instant, un curieux sentiment l'envahit qui l’incita subitement à reprendre sa marche. Elle continua sur quelques mètres puis s'arrêta brusquement : son cœur battait à coups redoublés. Oppressée, elle exhala son souffle lentement tandis qu’une force inconnue la poussa  à continuer dans cette direction. Sans comprendre ses réactions, elle gravit une pente parsemée de brindilles pour atteindre un mur de roche. Instinctivement, elle leva la main ; la pierre dégageait une forte chaleur. Surprise, elle tressaillit.

- Eh ! Cynthia, qu'est ce que tu fais ? demanda Benjamin sur ses talons.

- Viens voir de ce côté, la roche est bizarre, elle dégage une forte chaleur.

Il grimpa à sa hauteur et toucha de la paume la matière rugueuse.

- Je ne sens rien…

Fronçant les sourcils, la jeune fille posa sa main, rien, la pierre était froide. Elle s'immobilisa, surprise. Que se passait-il ? Avait-elle rêvé ? D'ailleurs, une tension inhabituelle l’oppressait de nouveau, désarçonnée,  elle resta silencieuse. "Peut-être était-il préférable de rejoindre les autres," songea-t-elle. Cependant, incapable d'effectuer le moindre mouvement, elle leva les yeux et tressaillit à la vue d’une plante incrustée dans une entaille. Intriguée, elle s'approcha et détailla du regard une fleur étonnante : la tige supportait trois corolles composées de pétales ovales dont la couleur saphir était peu courante. Hésitante, elle leva la main et effleura doucement le velouté d’un sépale. Un calme étrange l’envahit.

- Tu as déjà vu ce type de fleur ? demanda-t-elle la voix rauque.

Intrigué par le comportement de son amie hypnotisée par cette plante, Benjamin répondit :

- Non, bizarre qu'elle puisse pousser à cet endroit.

- Oui, murmura-t-elle distraitement.

Un détail la tracassait,  elle aurait juré que cette fleur n'existait pas lorsqu'elle avait gravi la pente. Elle repensa à cette sensation de chaleur et secoua la tête : "tu deviens folle, calme-toi ! Tu ne l'as pas vue tout simplement ! Cette plante n'a pas poussé subitement,  après ce phénomène. Quelle idiote !" Elle se massa le front en proie à une légère nervosité.

- Allez ! Tu viens, il est trois heures et nous devons encore localiser ces grottes, pressa Benjamin, impatient.

Elle n'arrivait pas à quitter cet endroit ; abandonner cette plante lui coûtait, sans qu'elle puisse s'en expliquer les raisons.

- Je viens.

Finalement, elle commença à pivoter  vers la gauche  quand une phrase résonna en elle, furieusement : « Cueille là, tu dois la cueillir ! » Alors,  le souffle court, elle leva le visage et tendit une main, tel un ressort, paniquée à l’idée de changer d'avis. Ses doigts s’immobilisèrent à quelques millimètres de la tige et,  avec douceur, la saisirent …Quelques minutes plus tard, ses yeux noisette fixaient ce bleu étonnant, incapable de trouver une explication à son comportement étrange.

Romain et Claire apparurent en bas de la butte. Cynthia les rejoignit et prit spontanément la tête du groupe. Ils déambulèrent dans la forêt et émergèrent sur un sentier ensoleillé et dégagé, bordé d’une végétation dense.  La jeune fille s'arrêta, et cette tension, qui ne la quittait plus, s’accrut. Elle cligna des yeux sous le soleil qui brillait au zénith. La main en visière,  elle remarqua à nouveau les deux nuages isolés dans une nappe bleue, semblables à deux grosses taches de couleur cendrée.

- Allons faire un tour de ce côté, dit-elle subitement.

Claire lança un regard sceptique sur l'étendue envahie d'arbustes épineux

- Dans cette végétation ? On risque d'abîmer nos vêtements, et je ne sais pas s'il est prudent de s'éloigner des sentiers.

- Le terrain parait sûr, objecta la jeune adolescente, guidée par un drôle de pressentiment.

Elle préférait ne pas s'attarder sur les sensations perturbantes qui la traversaient depuis quelque temps, et la forçaient à se diriger vers un endroit précis. Déjà, elle s'avançait prudemment à travers le feuillage, ignorant les épines  qui griffaient les mollets. Après dix minutes, une autre partie de la forêt se profila à l'horizon, ils s'y enfoncèrent. Cynthia accéléra le pas. Ils surgirent dans un cul de sac, bouché par une grande paroi rocheuse.

- Où sommes-nous ? s'exclama Romain, l'étonnement se peignait sur son visage.

Ils observèrent les lieux et remarquèrent une ouverture  béante : l'entrée d'une grotte !

- Waouh ! s'écrièrent les garçons excités. On en a trouvé une ! Génial !

Ils se tapèrent dans la main, dans un geste typiquement masculin qui leur attira un regard ironique de la part des jeunes filles.

- Cela me paraît bien sombre, dit Claire  peu rassurée subitement.

Cynthia restait anormalement silencieuse.

Benjamin fouilla dans ses poches remplies de babioles et brandit fièrement une petite torche.

- Pas de panique, j'ai ce qu'il faut.

Cynthia lui jeta un regard indulgent.

- Tu m'étonneras toujours Ben, mais elle me paraît bien minuscule.

- Ça devrait aller, déclara-t-il avec un bel optimisme.

- Et si elle s'éteint, nous risquons de nous perdre, protesta Claire.

Romain s'avança d'une démarche assurée et lança d'un ton moqueur :

- Allez ! Trouillarde, nous n'avons pas fait tout ce chemin pour abandonner maintenant.

Benjamin  et Cynthia le suivirent. Claire n'eut guère le choix, avec un petit soupir elle se précipita derrière ses amis. Effectivement, à l’intérieur, il faisait noir comme dans un four. Le petit faisceau de la torche balayait la roche aux dessins irréguliers, l'entrée d'une largeur de deux mètres était humide, et ils continuèrent avec prudence. Claire, l'échine parcourue d'un frisson, s'accrocha au bras de son amie.

- Et s'il y avait des chauves-souris ?

- Non,  je ne pense pas, rétorqua Cynthia rassurante.

- Des genres de crevasses, alors ?

- La ferme, Claire ! Asséna Romain, nerveux à présent.

Benjamin eut un petit rire qui détendit l'atmosphère.

- Et bien, on fait une sacré paire d'Indiana Jones à nous quatre.

Cynthia eut un petit gloussement.

- Tu as raison, on tremble de peur au bout de quelques mètres.

- Il n'y a pas de mal à être prudent, grommela Claire vexée.

- En revanche, tu vas nous flanquer la chair de poule si tu continues ainsi, décréta Benjamin, en balayant son faisceau lumineux le long des parois granuleuses. Regardez ! La grotte s'élargit à cet endroit, je crois même qu'on débouche dans autre salle, ajouta-t-il avec un brin d'excitation dans la voix.

Ils marchèrent lentement tout en essayant de distinguer ce qui les entourait. Depuis quelques secondes, la main de Cynthia, sous les pétales de cette fleur mystérieuse, s’échauffait lentement. La chaleur, tout d'abord discrète, s'intensifia lorsqu’elle fit un pas de côté pour longer un mur.

- Benjamin, éclaire cette partie, demanda-t-elle impulsivement.

Ce dernier leva sa torche et effectua un rapide mouvement circulaire.

- Moins vite ! S'exclama-t-elle, excédée.

Il ravala des paroles peu aimables, renonçant à comprendre les réactions bizarres de son amie.

- Comme ça ? questionna-t-il avec une pointe d'ironie.

Il fit le même mouvement avec une patience exagérée. Elle ignora son léger sarcasme.

- C'est parfait, Ben.

Elle fixait le faisceau qui éclairait les couches composées d'un grès friable. Benjamin sursauta violemment  lorsqu'elle s’écria d'une voix stridente.

- Stop ! Là !

Elle pointait du doigt un emplacement  parfaitement lisse. Abasourdis, ils contemplèrent le dessin taillé et peint finement dans la roche. Devant leurs yeux apparaissait l'exacte réplique de la fleur que tenait entre ses mains leur camarade.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? chuchota Claire impressionnée par leur découverte.

Cynthia secoua la tête.

- Je ne sais pas.

* Lieu fictif, totalement inventé par Belinda

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Commentaires
L
C'est un bonheur de lire ton histoire !
B
merci, je suis contente que cette histoire te plaise, à bientôt
C
La suite, la suite, .... ^^ <br /> <br /> On attends la suite avec impatience ! Génial cette histoire.
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