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Le Blog de Belinda
11 octobre 2008

Chapitre 1 - Partie 2

La lune projetait ses  rayons argentés sur un amas de petits rochers. Les arbres, dont les feuilles bruissaient sous une faible brise, s'élançaient dans un ciel constellé d'étoiles. Un silence apaisant régnait dans ce parc à la végétation riche et variée. A  proximité d'une rivière, qui serpentait entre des buissons fleuris,  veillait un homme au regard pétillant. Il sourit à la vue de  sapins qui, tels de petits soldats solitaires, bordaient un sentier parsemé de cailloux blanc. Une longue barbe grise indiquait un âge avancé. Une soutane marron, coupée dans une étoffe fluide, ondulait sous le souffle régulier du vent. Dans sa main droite, planté dans le sol, un sceptre serti de pierres précieuses brillait d'une lueur opalescente. Un chapeau de sorcier à  la pointe recourbée complétait son allure étrange.

- Comment te portes-tu mon ami ? questionna-t-il subitement d'un ton amusé.

Une voix jeune et masculine aux intonations espiègles s'éleva :

- Vous avez entendu mes pas,  Maître Ybagus. Je pensais être plus rusé.

Il pivota le sourire aux  lèvres.

- Oui... mais tes progrès m'impressionnent, je n'ai perçu ton pas qu'à  l'entrée du parc (elle se situait pratiquement à un kilomètre de l'endroit où il se tenait), et j'ai pu juger de ton habilité à te déplacer.

-  Merci, répondit-il en souriant.

Le vieil homme fit quelques pas, son visage ridé  et empreint d'une grande sagesse se dessinait parfaitement sous la clarté argent. Sa  silhouette imposante inspirait  le plus grand respect tandis que ses yeux trahissaient un esprit vif et intelligent.

- Alors, mon ami, tu souhaitais me rencontrer avant le grand jour.

- Oui... je...l'heure approche...commença-t-il d'un ton hésitant.

Il se tut. Ybagus perçut son malaise et déclara d’une voix apaisante :

- Demain, mon jeune ami. Le passage sera prêt, mais tu es sceptique et en proie au doute,

Le jeune homme se raidit puis poussa un profond soupir.

- Je l'avoue... je ne veux pas douter de votre choix...cependant, cette personne me parait bien jeune et sans expérience pour une telle responsabilité,  lança-t-il d'une traite.

Il marqua une pause, le front barré par un pli soucieux.

- C'est une fille ! S’exclama-t-il, enfin, incapable de dissimuler sa consternation.

Le cœur battant, il attendit la réaction d'Ybagus qui, après quelques secondes de silence, éclata d'un rire franc ; puis, reprenant son sérieux, il leva le visage vers le ciel, perdu dans ses pensées. La rivière clapotait, le vent soufflait légèrement, la nature entière paraissait suspendue à ses lèvres. Finalement, Il  baissa les yeux lentement.

- Elle est bien plus forte que tu ne le penses, commença-t-il d'une voix profonde. Mais, sache que  je comprends ton incertitude, nous avons attendu cet événement  si longtemps. Je souhaiterais pouvoir t'apporter toutes les réponses ; toutefois, il existe certains mystères qui doivent le rester pour le bien et la sécurité de tous. J'ai confiance en elle, et le temps te permettra de comprendre mes paroles. Aujourd'hui, seule, notre foi dans les trois mondes guide nos pas et nos choix... et elle en fait partie.

Le jeune homme hocha la tête, silencieux. Il avait une confiance aveugle dans le vieux sorcier.

- Je suis désolé, mais c'était tellement inattendu ! Ne vous en faites pas, Ybagus, je ne vous décevrai pas déclara-t-il avec respect. Si elle a toute votre confiance, cela me suffit amplement.

Ce dernier, reconnaissant, posa une main sur son épaule qu'il pressa en signe d'affection, puis il  tendit lentement le bras gauche ; une masse sombre tournoya au-dessus des deux silhouettes. Un oiseau d’une couleur grise et de taille moyenne atterrit avec douceur  sur son poignet. Pendant la conversation, il était resté perché sur une branche à proximité de la rivière. Dans la nuit, son plumage prenait des reflets bleutés. Le sorcier le fixa du regard.

- Un long voyage vous attend, veille sur notre jeune ami, Cotillon.

L'oiseau  l’écoutait, le regard vif; il semblait comprendre ses paroles.

-  Alors, je rentre, Ybagus, fit le jeune homme. J'espère vous revoir bientôt.

-  Moi aussi. Soyez prudents !

-  N'ayez crainte, nous vous contacterons dès l'arrivée de Tarken.

Le jeune homme émit  un léger sifflement, et dans un bruissement d’ailes,  l'oiseau se posa sur l'épaule de son maître.

Après un dernier signe, ils s’éloignèrent et se fondirent dans la nuit. Songeur, Ybagus le suivit du regard : "ton père pourra être fier de toi", pensa-t-il.

D'un pas lent, il bifurqua vers la rivière qu'il traversa pour atteindre l'autre rive ; il continua son chemin. Le bas de sa soutane ainsi que ses chaussures étaient parfaitement secs, l'eau avait tout simplement glissé le long de la matière.  Il accéléra le pas et s'enfonça dans la forêt, se déplaçant à présent avec agilité entre les arbres. La nuit d'une couleur encre aurait empêché n’importe quel humain, démuni d'une torche, de traverser les lieux sans percuter un obstacle. Pourtant, Ybagus n'éprouvait aucune difficulté à se mouvoir dans l'obscurité. Au bout de dix minutes, il pénétra dans une grotte, la température avait baissé sensiblement, puis ses pas le menèrent au fond de la cavité devant une paroi. Alors, il leva la main munie de son  sceptre : une lueur blanchâtre rayonna à son extrémité. Ybagus le pencha  jusqu'à ce qu'il effleure la roche éclaboussée par cette lumière intense. Il commença à prononcer des paroles incompréhensibles, des phrases semblables à  une incantation ; finalement,  d'une voix  sépulcrale et puissante, il s'exclama :

- Par le pouvoir de Thoran,  ouvre le passage unique qui relie nos deux chemins ! A la croisée  des nuages de cendres, seule, la fleur des terres  rejoindra la frontière des trois mondes !

Le faisceau de lumière en haut du  sceptre commença à tournoyer, tout d'abord lentement, pour atteindre une vitesse virtigineuse, pendant quelques secondes. Un dernier rayon d'un bleu vif jaillit vers le plafond, nimbant la salle entière d'un halo bleuté, s'en suivit un courant d'air d'une extrême puissance qui dura le temps d'un souffle. Puis un silence, religieux, étrange, régna dans la grotte, plongée à présent dans le noir absolu, vide de tout occupant. Ybagus avait disparu !

Taillé dans la roche apparaissait un dessin : une fleur aux longues pétales ovales.

Le lendemain, Cynthia se réveilla très en retard, elle entendait sa mère pester dans la salle de bain.

-Dépêche-toi, tu vas rater ton bus. Qu'as-tu fait hier soir pour avoir autant de mal à te lever ? Je suis sûre que tu as encore écouté ton baladeur jusqu'à une heure avancée…

Cynthia marmonna des mots inintelligibles, le visage enfoui dans son oreiller. Elle entendit les pas de sa mère sur le parquet.

- Mais, regarde-moi cette chambre, je te prierai de la ranger une bonne fois pour toute ! Ton bureau… s'exclama-t-elle plus fort, mais ce n'est pas possible, comment peux-tu travailler dans de telles conditions ?La jeune fille plaqua une main sur son oreille droite pour atténuer les paroles de sa mère. Celle-ci semblait franchement énervée, et cela se confirma lorsque le drap vola dans un courant d'air ; le visage penché au-dessus de sa joue, elle asséna d'une voix excédée :

- Lève-toi ou tu te débrouilles pour te rendre au lycée ! Je te rappelle que ton bus pour ton excursion est à huit heures et demie.

Dans un effort surhumain, Cynthia posa un pied sur le sol en ouvrant  un œil. Enfin, la voix s'était éloignée vers la cuisine. Elle s'étira et posa le deuxième pied sur le parquet, finalement dans un soupir, elle s'assit sur le bord du lit. Les meubles semblaient tanguer devant ses yeux, certainement une conséquence de l'abus de cette nuit, comme écouter son lecteur MP3. Et, se lever à six heures trente du matin n'arrangeait pas son état comateux. Soudain, elle tendit l'oreille, sa mère revenait à l'attaque ; d'un bond elle se précipita hors du lit, quitta sa chambre et se précipita dans la salle de bain. Plus tard, douchée et son petit déjeuner pris sur le pouce, elle quitta le domicile. En un temps record, sa mère la déposa  en voiture devant le lycée.

- Amuse-toi bien ! Je passe te chercher vers dix neuf heures ?

- Tu n'as pas besoin de venir, le père de Benjamin me ramène.

- Très bien, alors pas de bêtises et ne te perd pas en forêt.

- Maman, grommela Cynthia, je te rappelle que j'ai presque seize ans et nous sommes encadrés par des professeurs.

Sa mère eut un petit sourire contrit

- D'accord ! Mais fais attention…

Elle observa sa fille descendre de la voiture, lui fit un petit signe et démarra rapidement. Sa mère était souvent pressée, elle travaillait dans une agence immobilière où sa fonction d'attachée commerciale consistait à louer des appartements. Ses parents avaient divorcé lorsqu'elle avait six ans. Elle voyait son père uniquement pendant les vacances d'été car il vivait dans le sud près de Montpellier. Curieusement, son absence ne lui manquait pas, ils se téléphonaient régulièrement et cela lui convenait.

Repérant Benjamin qui lui faisait signe, elle accéléra le pas pour le rejoindre.

- Tu as une sale tête, fit le jeune homme

- Je te remercie, rétorqua-t-elle aigrement. Si, hier soir,  tu ne m'avais pas inondé de SMS, je me serais endormie plus tôt.

- Oh ! Oh ! On est de mauvais poil ? Un petit voyage dans la nature va te requinquer ma grande.

Mme Baudin garait sa polo sur le parking. Et de sa démarche énergique, elle rejoignit ses élèves. Essayant de couvrir le brouhaha des voix , elle s'exclama :

- Je vais faire l'appel, un peu de silence s'il vous plait !

Monsieur Kiefer, professeur de SVT, participait également à l'excursion. Il arrivait, essoufflé, à la hauteur de Madame Baudin, tandis que chaque élève montait dans le bus dès l'appel de leur nom. A la fin, elle nota un seul absent.  Le chauffeur attendit le retardataire qui se fit copieusement siffler lorsque, hors d'haleine, il grimpa dans le car quelques minutes plus tard. Dans un joyeux chahut, le véhicule traversa la ville avant de rejoindre l'autoroute où il s'engouffra dans le flot de la circulation intense ; car les premiers vacanciers étrangers envahissaient les routes de l'hexagone, Cynthia s'assoupit tandis que Benjamin pianotait sur son téléphone portable. Le temps était agréable,  le soleil brillait dans un ciel sans nuage et l'ambiance entre lycéens s'avérait sympathique. Par conséquent, la journée s'annonçait sous les meilleurs auspices. L'excitation se calma peu à peu après une heure de trajet, laissant place à un léger bourdonnement de voix.

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Commentaires
L
Une suite aussi captivante que la 1ère partie !<br /> J'adore ...
I
coucou !<br /> <br /> Ca se lit facilement, c'est fluide, on voit bien les expression des personnages! Je viendrais lire la suite promis!
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